CONSEILS DE PEINTURE A L’HUILE

Au départ j’ai rédigé les conseils qui figurent ci-après à l’occasion de cours donnés à des enfants souhaitant apprendre à peindre à l’huile. ( Nous commencions par ¼ heure de conseils et poursuivions par la réalisation d’une peinture pendant environ 2 heures sur papier spécial huile,  au chevalet vertical). J’ai complété par la suite avec des éléments qui m’ont semblés intéressants pour un peintre.

Cours 1 : Caractéristiques d’une couleur
· La Valeur (Value), c’est la vision en noir et blanc de la couleur (en plissant les yeux ou via une photo noir et blanc) donne la lisibilité de l’image, varie du clair au foncé.
· La Saturation ou la chromaticité (Chroma), c’est le degré de pureté de la couleur, varie de la couleur pure au gris coloré.
· La Teinte (Hue), c’est ce qu’on entend communément par couleur ou nuance, par exemple bleu ou bleu outremer….
Exercice : les pommes vertes : dessiner au pinceau

les pommes vertes oil painting PBenet
Les pommes vertes, huile sur papier (29 x 23 cm)

Cours 2 La palette
• La peinture contenue dans les tubes est un mélange de pigment(s) qui donne la couleur et de liant (s), (mélange d’huile et de vernis) qui la transporte.
• La couleur peut être transparente ou opaque suivant la nature du pigment.
• Les couleurs utilisées par le peintre sont disposées toujours dans le même ordre sur sa palette pour s’y retrouver plus facilement. (On appelle aussi cet ensemble de couleurs régulièrement utilisées la palette). Le peintre compose sa palette, en choisissant un nombre limité de couleurs qu’il utilisera régulièrement et qu’il connaitra bien. Connaître les couleurs que l’on utilise c’est pouvoir en grande partie prévoir le résultat obtenu en mélangeant les couleurs entre elles.
Exercice : les poires rouges : positionner le sujet sur la feuille et occuper l’espace

Les poires rouges oil painting PBenet
Les poires rouges huile sur papier (30 x 24 cm)

Cours 3 Les couleurs de notre palette
· Blanc : opaque ( mélange titane zinc)
· Jaune de Cadmium citron opaque (cadmium)
· Ocre Jaune semi transparent terre (oxyde de fer)
· Ocre rouge opaque terre (oxyde de fer)
· Rouge de Cadmium opaque (cadmium)
· Laque de Garance foncée transparent (rouge de pyrrole PR264)
· Bleu outremer foncé transparent (aluminosilicate PB29)
· Vert émeraude transparent (phtalocyanine PG7 )
· Vert oxyde de chrome opaque (oxyde de chrome PG17)
· Terre d’ombre naturelle transparent ( PY42, PR101, PBk11 oxydes de fer)
· Brun Van Dick semi transparent ( PR101, PBk11 oxydes de fer)
· Noir d’ivoire semi transparent (PBk9 (os calciné) PB29)
Dans cette gamme, les couleurs claires sont plutôt opaques et les foncées sont transparentes. Occasionnellement pour certains tableaux, nous pourrons compléter avec certaines couleurs (jaune de cadmium foncé, orange, rose permanent, bleu de céruléum, etc…)
Exercice : les pêches : poser les couleurs et modeler l’objet

Des pêches délicieuses oil painting PBenet
Des pêches délicieuses huile sur papier (29 x 18 cm)

Cours 4 Les mélanges de couleurs
· Avant de peindre, il faut préparer les différentes couleurs qui seront posées sur le tableau.
· Rechercher les couleurs les plus exactes, les plus proches de ce que l’on voit et décliner la couleur de l’objet en 2 ou 3 nuances (par exemple couleur de l’objet pour la partie qui est à la lumière et couleur de l’objet pour la partie située à l’ombre)
· Le mélange des couleurs se fait sur la palette avec le couteau à palette (et non pas avec le pinceau)
Exercice : les marrons d’Inde : lier les objets entre eux

Marrons d'Inde et coings oil painting PBenet
Marrons d’Inde et coings huile sur papier (38 x 25 cm)

Cours 5 Réalisation d’un tableau, 1ère étape l’ébauche
·  Avoir approximativement dans sa tête le tableau que l’on va peindre (cadrage) au besoin en s’aidant d’une fenêtre de cadrage.
·  Mouiller légèrement la surface du tableau avec du médium.
·  Mettre en place, c’est à dire dessiner sommairement les grandes lignes du tableau avec une petite brosse et de la terre d’ombre, (si nécessaire effacer avec le pinceau qui a servi préalablement à mouiller, et rectifier la mise en place jusqu’à ce que l’on soit satisfait).
Exercice : le petit déjeuner : composer la nature morte

Petit-déjeuner oil painting PBenet
Petit-déjeuner huile sur papier (36 x 26 cm)

Cours 6 Réalisation d’un tableau : 2ième étape, poser les couleurs
· Mettre en couleurs le tableau avec toutes les couleurs qui ont été préalablement préparées (cf. leçon précédente N°4)
· Commencer par les couleurs sombres et transparentes en couche fine,
· Peindre ensuite les tons clairs en couche plus épaisse, éviter cependant au début de trop charger le tableau, (trop d’épaisseur de peinture, surtout avec du blanc).
Exercice : les maquereaux :  nuancer les couleurs sur le tableau

Maquereaux peinture à l'huile PBenet
Maquereaux, huile sur panneau 8F (46 x 38 cm)

Cours 7 Réalisation d’un tableau: 3ième étape, dessiner au pinceau et moduler dans le frais
. Eviter de laisser des espaces blancs entre les objets, ce qui est fréquent lorsqu’on commence à peindre et que l’on n’est pas sûr de son dessin et de la limite de l’objet. Au contraire il faut déborder un peu, cela permettra de lier les objets entre eux et de réaliser de bonnes transitions.
. Le contour de l’objet est peint 3 ou 4 fois: en premier lors de l’ébauche, ensuite en négatif lorsqu’on peint le fond puis lorsqu’on peint l’objet. (ou 4 fois si ébauche, objet, fond retour sur objet).
. L’intérieur de l’objet est peint en étant attentif aux nuances, zone éclairée, zone sombre, ombres portées, reflet… on peut ou non fondre dans le frais les nuances (personnellement je préfère ne pas trop fondre les nuances)

Exercice: les oignons: être attentif à la touche pour une composition simple

Oignons oil painting PBenet
Oignons, huile 6F (41 x 33 cm)

Cours 8 Réalisation d’un tableau: 4ième étape, finir le tableau
Au cours de cette dernière étape il faut éviter si possible de reprendre des parties importantes du tableau et ne pas revenir sur les étapes précédentes de la composition, du dessin, du choix des couleurs, ce qui équivaudrait à refaire un autre tableau. Il s’agit d’arrêter de peindre quand on est suffisamment satisfait de la réalisation du tableau et éviter de le détériorer par des finitions excessives ou en « fatiguant » les couleurs. En prenant du recul, certains points sont cependant à vérifier et éventuellement à remédier:
1) La lisibilité: Faut-il simplifier certaines parties ou ajouter certains détails ? L’équilibre d’ensemble des valeurs et des contrastes, l’harmonie générale des couleurs sont-ils corrects? (notamment le ciel par rapport aux couleurs du reste du paysage, le fond dans une nature morte…)
2) L’homogénéité: Le tableau est-il traité de manière homogène et présente-il une unité?
( la touche, l’épaisseur de la couche de peinture, les passages et les liaisons…)
3) La vigueur et la richesse: Faut-il redonner de la vigueur et de la spontanéité à certaines zones ?
(Redessiner au pinceau certains contours, reprendre certaines parties avec un pinceau plus gros et plus chargé en peinture, ajouter certaines touches de couleurs plus vives et contrastées…)

Exercice: les ustensiles de cuisine: peindre les contrastes et les reflets

Nature morte avec ustensiles de cuisine oil painting PBenet
Nature morte avec ustensiles de cuisine, huile 8F (46 x 38 cm)

9 : La peinture alla prima et la règle du gras sur maigre, le vernis à retoucher
Les conseils que j’ai donnés jusqu’à maintenant s’appliquent particulièrement à la réalisation d’une peinture « dans le frais ». La peinture n’a pas le temps de sécher lors de la réalisation du tableau cependant elle évolue au cours de la séance, charge au peintre de s’en rendre compte et d’en tirer parti. La durée d’ouverture de la peinture dépend de plusieurs critères, notamment la température, le pigment et le type de médium utilisé. Personnellement, je n’utilise pas de médium rapide pour bénéficier au maximum de la possibilité de peindre dans le frais, caractéristique de la peinture à l’huile. Dans cette peinture « alla prima », l’unique couche de peinture est homogène et la règle du gras sur maigre n’est pas nécessaire.

Lorsqu’on réalise une peinture en plusieurs séances séparées par une ou des phases de séchage, il faut appliquer la règle du gras sur maigre, en peignant les premières couches avec un  médium plutôt maigre, type essence et en augmentant la richesse en huile pour les couches supérieures. On évite ainsi les craquèlements de la surface peinte, qui résulteraient d’un séchage de la couche supérieure plus rapide que celui des couches inférieures.
Il est aussi possible et utile souvent d’utiliser un vernis à retoucher. En applicant une couche fine de ce vernis sur la partie peinte et sèche du tableau, on facilite l’accroche de la nouvelle couche de peinture et on évite craquèlements ou problèmes d’adhérence de la seconde couche.

Ci-dessous, peinture alla prima avant de les manger au déjeuner!

Melons, huile 10F (55 x 46 cm)

10 La palette Zorn (du nom du peintre suédois Anders Zorn 1860-1920, grand portraitiste)
Cette palette très simple de 4 couleurs peut être utilisée notamment pour la peinture de portrait; Blanc de zinc (j’utilise le blanc mélange zinc-titane) Rouge vermillon ( j’utilise un rouge de cadmium clair), Ocre jaune, Noir d’ivoire. On a ainsi une combinaison de couleurs de base, le noir et blanc jouant un rôle de bleu, noir et jaune donnant du vert (le verdaccio de Cennino Cennini).

Ci-dessous, utilisation de ces 4 couleurs pour la réalisation d’un portrait

Portrait copie Rubens oilpainting pbenet
Portrait d’après Peter Paul Rubens, huile 6F (41 x 33 cm)

11 Comment peindre l’eau ?

J’ai détaillée ce sujet dans un article que vous trouverez en cliquant ici

à suivre…